Sur la scène du texte, pas de rampe: il n'y a pas derrière le texte quelqu'un d'actif (l'écrivain) et devant lui quelqu'un de passif (le lecteur); il n'y a pas un sujet et un objet. Le texte périme les attitudes grammaticales: il est l'œil indifférencié dont parle un auteur excessif (Angelus Silesius): "L'œil par où je vois Dieu est le même œil par où il me voit."

Un Français sur deux, paraît-il, ne lit pas; la moitié de la France est privée--se prive du plaisir du texte. Or on ne déplore jamais cette disgrâce nationale que d'un point de vue humaniste, comme si, en boudant le livre, les Français renonçaient seulement à une valeur noble. Il vaudrait mieux faire la sombre, la stupide, la tragique histoire de tous les plaisirs auxquels les sociétés objectent ou renoncent: il y a un obscurantisme du plaisir.